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Face au déni, un guide est proposé pour approfondir la réflexion

Qui est clérical ?

Face au déni, un guide est proposé pour approfondir la réflexion

Un questionnaire a été rédigé pour faciliter l’animation de réunions.
M
oyennant quelques adaptations Il peut aussi être utile pour une réflexion individuelle
ou un entretien en « face à face »
.
Il complète les documents publiés sur le site de la Conférence des Baptisé-e-s .

Il n’est pas aisé d’identifier le cléricalisme. Etant une culture, un « ethos », il devient « invisible à l’extérieur et imperceptible dans les consciences ». D’où l’idée d’un guide qui aide à réfléchir à partir de situations concrètes, afin de le débusquer et de se donner les moyens de lui substituer des conduites plus saines et surtout plus évangéliques.  

Pour un travail de groupe, il est recommandé, plutôt que de poser des questions appelant des réponses formatées ou rationalisées, de privilégier les consignes (ex : racontez-nous) et les relances (ex : vous pourriez préciser ?). La priorité sera donnée aux récits d’expériences, concrètes et factuelles.

Pour l’organisation des rencontres, deux animateurs sont requis : l’un anime et relance la réflexion, l’autre note ce qui est dit, dans les termes mêmes où sont exprimés les récits. La relance des personnes interrogées se fait à partir des termes qu’elles ont employés.

Il n’est pas nécessaire de suivre l’ordre adopté dans le guide d’entretien. Si un thème sort spontanément dans la discussion, il est préférable de le relancer sans attendre. En revanche si certains thèmes importants du guide d’entretien n’étaient pas évoqués spontanément, il conviendrait de les introduire directement.

Dans le questionnaire proposé, des propositions de réponse sont énoncées en italique ; elles sont données comme illustrations à l’intention des animateurs.

I.             La communauté paroissiale 

Consignes narratives de départ :

- Racontez-moi comment vous êtes arrivé dans cette paroisse.

- Les choses ont-elles changé au fil des années ? Dans quel sens ?

- Quels termes choisiriez-vous pour caractériser votre paroisse (jeune ou vieillissante, dynamique ou non, repliée sur elle-même ou ouverte, créative…) ? Encourager la multiplication des adjectifs, sans les induire.

- Est-elle fraternelle ? Les clercs sont-ils insérés dans cette communauté fraternelle, ou sont-ils
en vis-à-vis ?

 

- Est-elle ouverte : sur la diversité des personnes et des engagements à l’intérieur, et à l’extérieur sur les appels du quartier ?

- Qu’en est-il des actions caritatives, proposées directement par la paroisse ou en lien avec des organisations ?

- La paroisse a-t-elle le souci des nouveaux arrivants du quartier ; leur accueil est-il satisfaisant ?

- Avez-vous envie d’y inviter des voisins ou des nouveaux-venus du quartier ?

- Y a-t-on le souci des jeunes (écoute, appel, formation, responsabilité…) ?

- Les nouveaux baptisés trouvent-ils toute leur place ?

- Comment sont accueillies les personnes qui viennent rarement à l’église, ou exceptionnellement :
pour des obsèques ou demander un sacrement par exemple ?

- A-t-on le souci des « recommençants » (personnes qui après une période d’éloignement reviennent à la pratique religieuse).

- A-t-elle un souci œcuménique (comment cela se manifeste-t-il ?). Porte-t-elle le souci de la rencontre interreligieuse et comment ?

-Connaissez-vous des chrétiens qui quittent la paroisse ? Racontez-nous les circonstances. A-t-on le souci de garder le contact ?

Nomination et prise de fonction des prêtres :

(Les questions qui suivent peuvent éventuellement servir de relance si les choses ont besoin d’être précisées) 

-Votre communauté paroissiale est-elle consultée quand un nouveau curé est nommé ? Vous a-t-on interrogé sur le « style » de pasteur et de pastorale souhaités ?

-Lorsque votre nouveau curé est arrivé, s’est-il montré désireux de connaître les paroissiens, leur histoire, les projets engagés ? A-t-il eu le souci de la continuité ? A-t-il changé rapidement les membres des équipes en place ? Comment cela s’est-il passé ?

-  Avez-vous le sentiment que les clercs cherchent à être des ferments d’unité entre les générations, les types de « sensibilité religieuse », les communautés d’origines différentes : racontez.

- Lorsque le nombre de prêtres s’est raréfié, encourage-t-on les réunions de travail ou de prière entre chrétiens en vue de faire vivre des communautés (ou sont-elles seulement tolérées, voire interdites) ?

Les prêtres d’origine étrangère : quel bilan ? (facteur d’ouverture, ou introduction de nouvelles formes de cléricalisme ?) 

Les regroupements paroissiaux :

- Quel est l’impact des regroupements paroissiaux sur la vie chrétienne locale ? (dynamisme retrouvé, ou installation d’un désert spirituel… ?)

- Participez-vous à des assemblées sans prêtres (ADAP, ou autre) ? Racontez (Qui les anime ? Ya-t-il une distribution eucharistique ? Qu’en est-il de la prédication ou du partage de la Parole ? Quelles formes ces liturgies prennent-elles ?)

- Y a-t-il eu des ADAP ? Que sont-elles devenues ? (Si elles ont disparu, est-ce par crainte que s’instaure un nouveau type de « cléricalisme », un refus de la part des clercs des initiatives des laïcs, … ?)

- Les regroupements de prêtres : quel bilan ? (Remède à l’isolement ou incitation au repli sur soi ? Meilleure disponibilité pour la mission ou renforcement de l’emprise presbytérale sur les individus ?)

- Les prêtres sont-ils connus des laïcs, reçus dans les familles ? (ou ne sont-ils perçus que comme des « fonctionnaires du culte » ?)

 

II)   La responsabilité

- Les laïcs sont-ils appelés à une collaboration, à des responsabilités dans la reconnaissance de leurs compétences (ou sont-ils considérés comme des auxiliaires, délégués, suppléants des clercs ?)                   A quelles occasions ou dans quelles circonstances, ou pour quelles activités ou missions ?

- Y a-t-il des évaluations régulières, conduites en commun, des actions paroissiales ?

- Dans votre paroisse a-t-on recensé les charismes et compétences qui pourraient servir la mission ?
(ou appelle-t-on des personnes sans expérience ni formation ?) 

 - Avez-vous le sentiment que ce « toujours les mêmes » qui occupent les responsabilités,
ou bien chacun se sent-il appelé ?

- Des postes de responsabilité sont-ils proposés à des femmes ? Lesquels ? Les écoute-t-on ?

La feuille paroissiale :

Qui la rédige ?

- Qu’y lit-on ? (Question ouverte ; éventuellement pour la relance : Y a-t-il ou non un équilibre entre les activités proposées : culte, formation, activité caritative et sociale, la communion et la mission ?)

 - Y a-t-il des réunions de travail de rentrée ? Comment se passent-elles ? (concernent-elles seulement l’équipe cléricale (prêtres et diacres) ou des laïcs y sont-ils associés ?

- S’il y a un projet pastoral, qui y travaille, qui le rédige ?

Les conseils :

- Existe-t-il dans la paroisse un conseil pastoral ?

- Quelles sont ses fonctions ? Théoriques et réelles ?

- Comment les réunions du conseil se déroulent-elles ?

 

(Toutes les questions qui suivent sont des relances éventuelles si le récit du conseil pastoral n’est pas assez explicite) :

- Comment ses membres sont-ils choisis (par le curé seul, élus par les paroissiens, mi-cooptation-mi-élection) ? La communauté paroissiale est-elle de quelque manière consultée ? Les membres du conseil sont-ils connus de la communauté (par exemple en affichant les noms et les photos) ?

- De combien de membres est-il constitué, y a-t-il un équilibre entre clercs et laïcs, un équilibre des âges, une parité entre les hommes et les femmes ?  A-t-on le souci d’intégrer, en les respectant, les communautés d’origine étrangère ?

- Quand et comment les membres sont-ils révoqués ou remplacés ? Qui prend la décision ?

- Le rythme des réunions permet-il un vrai travail d’orientation et d’invention, ainsi qu’un suivi ?

- Y a-t-il place pour un vrai débat ? Une culture du dialogue est-elle recherchée ?

- Comment les décisions sont-elles prises et qui les prend ? Comment est compris le statut « consultatif » du conseil pastoral (on travaille à conduire ensemble un projet ; on se contente d’écouter les avis ; c’est le curé seul qui prend les décisions, y compris contre l’avis du conseil ; le conseil n’est qu’un « bureau d’enregistrement » …) ?

- Avez-vous connaissance des comptes rendus des réunions ?)

Le conseil économique :

On peut adapter les questions posées à propos du conseil pastoral.

- Comment le curé tient-il compte des avis du conseil économique ? Que se passe-t-il en cas de désaccord ?

 

III)          La liturgie

- Fait-elle l’objet d’une réflexion à l’intérieur de la paroisse, ou est-elle sous la seule responsabilité des prêtres ? Considère-t-on qu’elle concerne la communauté célébrante tout entière ?

- Y a-t-il des équipes liturgiques et quel est leur rôle ? Discute-t-on du style des célébrations, des signes choisis, de la question des enfants de chœur (par exemple de la séparation des garçons et des filles, de l’éventuelle désignation de celles-ci comme « servantes de l’assemblée » …) ?

- Quelle est la place des femmes pour les lectures et la distribution de la communion ?

- Que pensez-vous du style des liturgies ? Sont-elles ouvertes sur la vie de la communauté paroissiale et de son environnement ?

La prédication

- Qu’attendez-vous de l’homélie ?

- Comment sont préparées les homélies ? (La prédication fait-elle l’objet d’une préparation en commun ? Est-elle un tabou dont on ne discute pas, ni entre prêtres, ni avec les laïcs ?)

- Est-il question d’une école de la prédication dont pourraient bénéficier les laïcs ?

 

IV)         La formation des laïcs

- Connait-on les laïcs qui ont reçu une formation et qui seraient susceptibles d’être appelés en responsabilité ? Le sont-ils ?

- A-t-on le souci de la formation des laïcs que l’on appelle en responsabilité ? L’idée d’une formation continue des prêtres et des laïcs est-elle envisagée ?

-Propose-t-on des formations en direction des enfants, des adolescents, des jeunes adultes, des adultes (hommes et femmes) : sont-elles suffisantes et adaptées ?

- En paroisse, qui propose la formation : Les clercs ? Des laïcs compétents ?

- Le sensus fidei ou sensus fidelium (le sens de la foi qui est celui du peuple des baptisés tout entier) : pensez-vous que le peuple de Dieu soit susceptible d’avoir un jugement éclairé, voire prophétique,
sur la marche de l’Eglise ?

 

V)           La formation des séminaristes 

- Pensez-vous qu’il serait souhaitable que les laïcs (hommes et femmes, à parité) soient consultés et associés à la formation de leurs futurs pasteurs ? Ou cela relève-t-il seulement des évêques ?

- Qu’est-ce qui vous paraitrait prioritaire dans cette formation ?

- Pensez-vous que les clercs devraient être formés au travail en équipe et à la délégation, en particulier avec les laïcs ?

 - Pensez-vous qu’il serait souhaitable que les futurs prêtres aient une formation sérieuse sur les questions économiques et sociales ?

- Serait-il souhaitable qu’ils aient une expérience du monde du travail ? Qu’ils aient exercé un travail ou en exercent un ?

 

VI)         Dialogue et débat

Y a-t-il des sujets exclus a priori, qu’il n’est pas envisageable d’aborder (par exemple la prédication, l’œcuménisme, ….) ? Ou des sujets que l’on ne pense même plus aborder tant ils font partie des habitudes ?

La relation avec les autres paroisses :

- En ville, une rue sépare les territoires paroissiaux, mais pas les questions que pose la mission. Connaissez-vous les membres des conseils pastoraux des autres paroisses (du doyenné, c.à.d. l’ensemble des paroisses d’un quartier, par exemple) ? Avez-vous l’occasion de réfléchir avec eux, d’échanger des expériences, d’envisager des collaborations… ou bien considérez-vous que c’est seulement de la responsabilité des prêtres ?

Les rapports avec l’évêque :

- Dans quelles occasions, circonstances et modalités rencontrez-vous votre évêque ?

- Vous est-il arrivé d’interroger et/ou d’écrire à votre évêque (dans quelles circonstances ?).
Vous a-t-il répondu ?

 

La synodalité :

- Existe-t-il une culture synodale (pratique de rassemblement pour délibérer et prendre ensemble des décisions) au niveau paroissial et au niveau du diocèse ?

- Avez-vous connu une expérience synodale ? Racontez comment cela s’est passé.

(Y avez-vous participé ? Connaissez-vous des personnes qui y ont participé ? Comment avaient-elles été mandatées, par qui ?)

- Vous êtes-vous reconnu dans les conclusions du synode ? Sinon pourquoi ?

- Quelles ont été les retombées immédiates du synode ? Ses effets à plus long terme ?

Pour terminer, y a-t-il d’autres points dont vous auriez aimé parler et que nous n’avons pas abordés ?

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