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Des universitaires ont uni leurs forces pour en rédiger une.

L’Église catholique a désespérément besoin d’une Constitution

Publié le 24 octobre 2022 par WICR

 Des universitaires ont uni leurs forces pour en rédiger une

COMMUNIQUÉ DE PRESSE :

Le jeudi, 29 septembre 2022

Contacts:
Miriam Duignan: T: +44 7970 926910 E:
miriam.duignan@wijngaardsinstitute.com
Dr. Luca Badini Confalonieri: T: + 44 7446 283699 E:
luca.badini@wijngaardsinstitute.com

Le Wijngaards Institute for Catholic Research [Institut de recherche catholique Wijngaards] a soumis des propositions révolutionnaires au Synode sur la synodalité, une consultation mondiale des catholiques lancée par le pape François ayant pour thème une église plus participative. L’Institut propose que l’Église catholique adopte une Constitution qui serait à la base de ses lois ecclésiales. Cette Constitution révolutionnerait la structure actuelle de l’Église.

Selon la professeure Mary McAleese, ancienne présidente de l’Irlande, aujourd’hui chancelière du Trinity College de Dublin en Irlande :

Cette proposition de Constitution est la meilleure idée que l’Église catholique ait eu depuis des siècles. Elle respecte comme il se doit la dignité donnée par Dieu à chaque membre, place le Christ au premier plan et en son centre, desserre l’étau de l’impérialisme et du cléricalisme, et permet à l’Église de respirer à nouveau, d’aimer à nouveau, d’inclure à nouveau. Nous avons besoin de cette Constitution. Elle est notre pont vers l’avenir.

Le texte constitutionnel est le résultat d’une année de travail d’un groupe international et interdisciplinaire composé de 25 universitaires, coordonné par l’Institut Wijngaards. Le projet de texte a ensuite été examiné par un groupe plus large d’universitaires et le texte final a été signé par plus de 60 experts internationaux.

L’Église catholique est actuellement structurée autour d’une caste sacerdotale masculine non élue et autosélectionnée qui détient à elle seule tous les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Elle a hérité cette structure de l’administration centralisée de l’Empire romain et de la société féodale du Moyen Âge. Les laïcs, qui représentent plus de 99 % des membres de l’Eglise, sont exclus de la gouvernance de l’Eglise ainsi que les femmes. Quant aux personnes LGBTQ, elles le sont doublement en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle.

La nouvelle Constitution de l’Église catholique, qui est révolutionnaire, propose de renverser radicalement cette structure. Elle codifie à la fois les caractéristiques démocratiques qui sont conformes à la tradition de la Bible et à l’histoire de l’Église et aux droits humains fondamentaux. Les papes successifs ont incité les États à les respecter, mais le droit actuel de l’Église est loin de les intégrer.

Le texte complet de la Constitution proposée peut être lu ici: Proposed Constitution – Wijngaards Institute [Proposition de constitution – Institut Wijngaards.]

Ses principaux objectifs sont les suivants :

  • Lancer la discussion sur la nécessité et la forme possible d’une Constitution pour l’Église;
  • S’inspirer du projet de loi du Vatican, intitulé Lex ecclesiae fundamentalis [Loi fondamentale de l’Église], dont la version finale a été mise de côté en 1981;
  • Établir un cadre juridique concernant les droits, les principes et les normes juridiques convenus auxquels toutes les lois ecclésiales devront se conformer et par rapport auxquels elles devront être évaluées;
  • Montrer comment les propositions de réforme de l’Eglise peuvent être rassemblées dans un cadre juridique cohérent, pragmatique et compatible avec les études bibliques, la recherche théologique et les dialogues œcuméniques.
  • La Constitution a été soumise à la fois aux conférences épiscopales nationales des pays dont sont issus nos cosignataires et au Secrétariat général du Synode des évêques. Le 26 août 2022, nous avons rencontré Thierry Bonaventura, le responsable de la communication du bureau synodal à Rome et lui en avons remis une copie en main propre (voir photo ci-dessous). Il a souligné que lui, sœur Becquart et tout le Comité de révision synodal allaient examiner le document en détail. Nous avons également entendu un évêque, membre du Comité chargé de décider quelles des contributions des catholiques d’Europe occidentale seraient soumises à la prochaine phase du Synode, déclarer qu’il porterait la Constitution à l’attention de ses collègues de ce Comité.

Principales caractéristiques et propositions

  • Le droit universel de participer au gouvernement de l’Église. Tous les catholiques ont le droit de participer au gouvernement de l’Église, comme l’exigent à la fois leurs droits humains fondamentaux (DUDH[1] art. 21) et leurs droits baptismaux.
  • La non-discrimination. La sélection des candidats et des candidates à toute fonction ecclésiale, y compris au ministère sacramentel, doit se faire sans discrimination fondée sur la race, le genre, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état civil et la condition économique ou sociale.
  • La subsidiarité et la décentralisation. « Chaque Église et chaque niveau décisionnel de l’Église a le droit inaliénable et la responsabilité de déterminer les décisions et les actions qui relèvent de sa compétence et celles qui devraient plutôt être décidées par délégation à un niveau supérieur ou, au mieux, accomplies en coopération avec lui. Inversement, chaque niveau décisionnel supérieur ne peut entreprendre que les décisions et les actions que le niveau inférieur lui délègue librement, et ne peut imposer aux niveaux inférieurs des restrictions quant aux questions de décision ou d’action sans leur consentement » (art. 34, voir art. 30).
  • Les dirigeants doivent être élus et représentatifs de leurs électeurs et électrices. Les responsables de l’Église exerçant des fonctions législatives ou exécutives doivent être représentatifs de la communauté ecclésiale qu’ils servent. Conséquemment, à chaque niveau de gouvernance de l’Église, les candidats et candidates à ces ministères doivent être élus au suffrage universel direct ou indirect.
  • Le consentement. « Les lois et doctrines officielles de l’Église adoptées par les représentants de l’Église doivent refléter l’assentiment des Églises auxquelles elles s’appliquent et elles doivent être considérées comme valides tant qu’elles bénéficient de ce consentement » (art. 31).
  • La séparation des pouvoirs. Le pouvoir de gouvernance est réparti entre les secteurs législatif, exécutif et judiciaire. Chaque secteur est séparé des autres ainsi que de ce que l’on nomme le « pouvoir sacramentel » de sorte que « la personne ou l’organisme qui détient l’un de ces pouvoirs […] ne peut détenir concomitamment aucun des autres ». En d’autres termes, les prêtres et les évêques ne peuvent exercer que le pouvoir sacramentel et ils ne peuvent plus exercer aucun des pouvoirs de gouvernance (législatif, exécutif ou judiciaire) et encore moins le faire de manière exclusive.
  • Les dirigeants sont légalement tenus de prendre en compte les connaissances spécialisées chaque fois que la question à traiter l’exige. « Si une décision nécessite des connaissances spécialisées – par exemple en matière d’études bibliques, de théologie, de droit canonique, de médecine, de psychologie, d’économie, de sociologie, etc. – les représentants et les dirigeants de l’Église, individuellement ou en groupe, ont le devoir légal de rechercher et de prendre en compte l’avis d’experts pertinents et indépendants »(art. 68). « Les membres des organes consultatifs d’experts indépendants doivent être sélectionnés par le biais d’un processus ouvert et transparent d’examen par les pairs dont les critères de sélection doivent inclure l’expertise pertinente, l’absence de conflit d’intérêts, l’indépendance vis-à-vis des représentants et des dirigeants de l’Église et une bonne réputation au sein de la communauté scientifique concernée » (art. 70).
  • Les dirigeants doivent rendre des comptes. Les responsables ecclésiaux exerçant un pouvoir législatif ou exécutif ne doivent servir que pour un mandat limité pour lequel la durée recommandée est de cinq ans. Ils doivent rendre compte au moins annuellement de leurs actions, y compris de leur gestion financière.
  • Il doit y avoir une pleine liberté de rejoindre et de quitter l’Église. « En vertu de la liberté universelle de conscience et de religion, l’acquisition comme la renonciation à la qualité de membre juridique de l’Église catholique entraînant l’acceptation des droits et des responsabilités ecclésiales doivent résulter d’un libre choix ». (art. 5).

 

Approbations et commentaires des signataires universitaires

Mary McAleese, Docteur (Ph. D.). en droit et en droit canonique, ancienne professeure de droit pénal et ancienne présidente de l’Irlande, enseigne actuellement Law, Religion and the Rights of the Child (Droit, religion et droits de l’enfant) à l’Université de Glasgow, Royaume-Uni; Chancelière du Trinity College, Dublin, Irlande :

La Constitution proposée est la meilleure idée que l’Église catholique ait eue depuis des siècles. Elle respecte comme il se doit la dignité donnée par Dieu à chaque membre, place le Christ au premier plan et au centre, desserre l’étau de l’impérialisme et du cléricalisme, et permet à l’Église de respirer à nouveau, d’aimer à nouveau, d’inclure à nouveau. Nous avons besoin de cette Constitution. C’est notre pont vers l’avenir.

Thomas Hieke, Docteur (Ph. D.), professeur d’Ancien Testament, Faculté de théologie catholique, Université Johannes Gutenberg, Mayence, Allemagne :

Ce projet de Constitution est une magnifique vision prophétique d’une Église catholique telle qu’elle devrait être – et telle qu’elle pourrait devenir. Il s’agit en effet d’une Église catholique différente et c’est ce dont nous avons besoin de toute urgence. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons laisser derrière nous l’Église des abus sur les enfants, de l’homophobie, du cléricalisme et de l’exercice répressif du pouvoir.

Toni Bernet-Strahm, Docteur (Ph. D.) en théologie systématique catholique, auteur en théologie, ancien directeur de l’Association catholique suisse de développement Maison Romero, Lucerne, Suisse; ancien vice-président de l’IRAS COTIS (Communauté de travail interreligieuse en Suisse) :

Le droit canonique actuel bloque une Église synodale qui reconnaît la dignité de tous les baptisés et de toutes les baptisées. Il est impératif d’éviter un conflit entre les droits humains et la foi au sein de l’Église catholique. L’Église a besoin de toute urgence d’une nouvelle constitution ecclésiale qui respecte les deux. Je suis ravi que celle coordonnée par l’Institut Wijngaards fasse précisément cela.

Daniel Bogner, Docteur (Ph. D.), professeur de théologie morale, Université de Fribourg, Suisse :

Tant de voix déplorent aujourd’hui la constitution monarchiste de l’Église reflétée dans le droit canonique. Il existe maintenant un projet très courageux de réforme. Ce qui m’impressionne particulièrement, c’est que ce projet s’efforce de reprendre l’esprit de l’Évangile et l’héritage de la tradition d’une part, mais d’autre part d’ouvrir cet héritage et de le développer encore et encore. C’est précisément ce que signifie « être catholique ».

Raquel Mallavibarrena, Docteur (Ph. D.), représentante de Nous sommes l’Église -Espagne, Madrid, Espagne :

Ce document est nécessaire pour une réforme urgente de l’Église catholique. Ill est très complet, très bien fondé et répond à ce que les groupes de réforme catholique du monde entier demandent depuis de nombreuses années.

Adrian Loretan, professeur de droit canonique et de droit et religion au Centre de droit constitutionnel comparé et de religion (CCCLR), Faculté de théologie, Université de Lucerne, Suisse :

Le concile Vatican II (1962-65) a fondamentalement changé la vision ecclésiale de la personne humaine. En plusieurs endroits, il a affirmé avec force l’égale dignité de chaque personne humaine et sa liberté personnelle inviolable comme base d’un monde où tous et toutes ont les mêmes droits. Il va jusqu’à conclure que « dans le respect des droits fondamentaux de la personne, toute forme de discrimination, qu’elle soit sociale ou culturelle, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur, la condition sociale, la langue ou la religion, doit être surmontée et éradiquée comme contraire à la volonté de Dieu » (Gaudium et Spes, par. 29). Cette nouvelle Constitution est un merveilleux exemple de la manière dont cette égalité et cette liberté peuvent être codifiées.

Peter Nissen, professeur (émérite) de théologie, Université Radboud, Pays-Bas :

Il s’agit d’une belle initiative et d’un merveilleux document! Je souscris entièrement à ses principes et je le soutiendrai volontiers.

Michael Lawler, professeur (émérite) de théologie , Creighton University, Omaha (Nebraska), États-Unis :

En ces jours où l’Église catholique est engagée dans la redécouverte de l’ancien charisme de la synodalité, le projet de Constitution pour l’Église catholique souligne les réalités ecclésiales qui sont au cœur de la synodalité. Tous les catholiques baptisés, selon le dessein du Christ et de son Église, sont égaux et ont la liberté et la responsabilité de poursuivre et de renforcer la mission du Christ et de l’Église. Cette mission est le service de toutes les femmes et de tous les hommes et, dans notre monde économiquement très déséquilibré, comme Jésus nous l’a si souvent rappelé, particulièrement des pauvres. Personne, quelle que soit l’autorité dont il ou elle est censé(e) jouir dans l’Église, n’est libre d’empêcher les baptisé(e)s dans le Christ de propager activement cette mission.

Rachel Joyce Marie O. Sanchez, Docteure (Ph. D.), professeure adjointe, Département de théologie, Ateneo de Manila, Philippines :

Je soutiens cette proposition parce que je la considère comme une étape concrète vers la transformation de l’Église en une « communauté de disciples égaux », fondée sur la convivialité inclusive que nous avons vu Jésus réaliser au cours de son ministère. J’apprécie la façon dont les théologiens, les théologiennes et les universitaires se sont concertés pour dialoguer avec les autorités ecclésiales dans le cadre de ce processus constructif. La Constitution proposée reflète la synodalité, tant par son contenu que par le processus suivi pour l’élaborer.

Pedro Paulo A. Funari, Docteur (Ph. D.), Professeur, Département d’histoire, IFCH, Universidade Estadual de Campinas (Unicamp), Brésil :

Le projet de Constitution vise le vivre ensemble (« Convivencia », « Ubuntu ») en collaboration à l’opposé de toute exclusion, subordination ou destruction : La loi entière est accomplie dans un seul décret : « Aime ton prochain comme toi-même » (Gal. 5, 14.)

Max Stetter, prêtre catholique et missionnaire, Initiative Pfarrer, Allemagne; membre du Comité directeur du Réseau international de réforme de l’Église (ICRN) :

L’attention portée au concile Vatican II a inspiré au pape François le lancement d’un processus synodal courageux. Mais son objectif d’une « Église à l’écoute » doit trouver une mise en œuvre structurelle si l’on ne veut pas que cela reste des mots. L’Église catholique se considère depuis longtemps comme une societas perfecta [société parfaite]. Elle a longtemps invité le monde extérieur à respecter les droits humains fondamentaux et ce qu’on appelle le « développement humain intégral ». Les abus de pouvoir cléricaux, bien documentés et de grande ampleur, exigent que l’on accorde plus d’attention à la mise en œuvre de ces normes au sein même de l’Église catholique. Nous ne pouvons plus remettre à plus tard le remplacement des structures de cette Église qui contredisent les valeurs évangéliques et entravent la croissance spirituelle par celles qui facilitent le discernement des signes des temps et garantissent les droits humains et baptismaux du peuple de Dieu. On pourrait faire bien pire que de commencer par la Constitution pour l’Église catholique proposée par l’Institut de recherche catholique de Wijngaards.

Les signataires

Les auteurs et autrices ayant contribué au projet
Les cosignataires
Le cosignataires oecuméniques
Organisations qui soutiennent cette Constitution

Version originale : https://www.wijngaardsinstitute.com/a-constitution-for-the-catholic-church/

Traduit par Pauline Jacob à l’aide du traducteur DeepL.com/ (version gratuite)

Thierry Bonaventura recevant la proposition de constitution au Bureau synodal – 26 août 2022 (voir photo jointe ci-dessous)

 

 

[1] Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

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